« La coopération entre les partenaires locaux, valorisée par la FFSU, est depuis longtemps la marque de fabrique de notre équipe municipale.», Entretien avec Jean-François Copé, Maire de Meaux.

La commune de Meaux (Ile-de-France) a adhéré cette année au Forum Français pour la Sécurité Urbaine. A cette occasion, nous publions un entretien avec Jean-François Copé, maire de la commune.

> Pouvez-vous nous décrire Meaux ?

Au cœur du département de Seine-et-Marne, à deux pas de Roissy et de Marne-la-Vallée et à proximité de Paris, Meaux est la ville centre de la Communauté d’Agglomération du Pays de Meaux qui regroupe 22 communes et près de 100 000 habitants. La seule ville de Meaux compte 55 000 habitants. Elle occupe donc une position géographique stratégique et possède un fort potentiel économique, social et culturel.

Meaux est aussi une ville singulière de par son histoire. Deux de nos quartiers, Beauval et Pierre-Collinet, ont été construits dans l’urgence à partir des années 1960 pour répondre à l’augmentation massive de la population meldoise. Ces « grands ensembles », bâtis à la hâte, ont rapidement connu de nombreux problèmes : détérioration des équipements, ségrégation sociale, concentration de population dans des espaces restreints et non sécurisés, éloignement de nombre d’activités et taux de délinquance colossal.

Dès que j’ai été élu maire en 1995, j’ai donc décidé de lancer un grand projet pour revoir totalement l’organisation de l’espace et de la vie, soutenu par l’ANRU. Nous avons détruit les tours tripodes de plus de 20 étages pour reconstruire des bâtiments de 4 étages, à taille humaine. Nous avons créé des espaces verts et une plage, et proposé une nouvelle offre culturelle avec l’Espace Caravelle.

En parallèle, nous avons mis en œuvre un travail collectif de sécurisation au quotidien sur le terrain avec une tolérance zéro, des dispositifs innovants, près de 90 agents de police municipale et plus de 240 caméras de vidéo-protection.

Résultat : en 20 ans, la délinquance a été divisée par plus de 2 à Meaux, passant de 101 crimes et délits pour 1000 habitants en 1995 à 50 pour 1000 en 2017.

> Quelles raisons vous ont amené à rejoindre le Forum Français pour la Sécurité Urbaine ? 

Nous avons lancé en 2007 un Dispositif de Poursuite de Scolarisation qui offre une seconde chance aux collégiens renvoyés de leur établissement pour agressions physiques ou verbales. Le FFSU a récompensé cette initiative en 2009 en nous décernant le Prix de la prévention de la délinquance. Des liens étroits existent avec le Forum depuis de nombreuses années.

Rejoindre le FFSU est devenu pour nous une évidence tant les valeurs et les pratiques qu’elle promeut sont déjà bien ancrées dans notre territoire. La coopération entre les nombreux partenaires locaux, dynamique valorisée par la FFSU, est depuis longtemps la marque de fabrique de notre équipe municipale. Nous y voyons aussi une occasion de nous inscrire dans une dynamique plus large, notamment européenne.

> Quelle est la valeur ajoutée de la coopération de votre ville avec d’autres collectivités ?

Nos actions locales en matière de prévention et de sécurité naissent des remontées d’information et des expériences des uns et des autres (administrés, partenaires etc.). Cette concertation avec tous les acteurs est centrale dans notre projet. Il est pour nous inconcevable de réaliser des projets à vocation humaine sans prendre en considération les besoins, les attentes et les avis des premiers concernés.

Les collectivités ayant la même physionomie souffrent des mêmes difficultés. Il est donc essentiel de pouvoir échanger sur des pratiques qui ont fait leur preuve : être force de proposition et à l’écoute des expérimentations de nos voisins.

> Quels sont vos principaux enjeux et priorités en terme de sécurité ?

Depuis 1995, la ville de Meaux connaît une baisse importante de la délinquance, grâce à notre action quotidienne qui repose sur la ténacité et les partenariats. Comme je le disais, cette mobilisation nous permet d’obtenir de très bons chiffres en matière de baisse de la délinquance.

Seulement, il subsiste aujourd’hui une autre forme de délinquance que nous souhaitons combattre : les incivilités. Les papiers jetés sur la voie publique, les tags, les poubelles renversées ou autres insultes et musiques diffusées à pleins tubes sont autant d’irritants auxquels chacun est confronté chaque jour. Notre équipe municipale a décidé de spécialement mettre l’accent sur la lutte contre ce type de délinquance. C’est une priorité essentielle et collective. Nous ciblons notamment les questions relatives à la propreté, à la lutte contre les nuisances sociales, au respect des femmes et à la sécurité routière.

Pour ce faire, nous avons mis en place un dispositif dédié aux questions de proximité. Il doit permettre d’améliorer et d’accélérer la remontée d’informations et de déclencher une réponse rapide des services avec notamment la création d’une Brigade Urbaine de Proximité, composée de 4 agents assermentés. Leur mission est de signaler les désordres sur l’espace public (dépôts sauvages, trous dans la chaussée, déjections canines et plus globalement problèmes de propreté) et de s’adresser aux contrevenants pour rappeler les règles et, si cela est nécessaire, verbaliser. Dans le même temps, nous réalisons des campagnes de communication et des actions de prévention, comme le ramassage des caddies abandonnés.

> Votre ville a-t-elle une stratégie locale de prévention et un partenariat local pour la prévention ?

Absolument. Nous avons lancé dès 2004 une démarche de coproduction de prévention et de sécurité. Elle s’appuie sur la mise en place d’un partenariat opérationnel et réactif qui permet d’apporter des réponses rapides et coordonnées.

Trois Contrats Opérationnels de Prévention et de Sécurité (COPS) ont été élaborés depuis lors et un quatrième est en cours d’élaboration. Il doit devenir notre nouvelle feuille de route pour prévenir la délinquance et accroître la sécurité.

Ce dispositif tire sa force de la mobilisation et de l’implication quotidienne de nos différents partenaires : Justice, Police, Éducation nationale, Maisons de la solidarité, transporteurs, bailleurs sociaux, associations etc.

Cela aboutit aujourd’hui à des résultats qui parlent d’eux-mêmes :

  • La présence partout sur le territoire de la Police Nationale et de la Police Municipale ;
  • La complémentarité et la réactivité des forces de police et judiciaires ;
  • Le développement de la vidéoprotection avec 243 caméras implantées dans toute la ville a toute la satisfaction des Meldois ;
  • Les importantes opérations de renouvellement urbain ont fait disparaître les poches urbanistiques d’insécurité et ont amélioré les conditions de vie des habitants.

> Pouvez-vous nous parler de quelques actions menées par votre ville dans le domaine de la sécurité dont vous êtes particulièrement fier ?

De nombreux acteurs de la sécurité nous sollicitent notamment pour visiter notre centre de supervision urbain, le plus grand centre de vidéoprotection de France après celui de Nice, avec 41 écrans et 10 opérateurs vidéo présents 24h/24. La vidéoprotection a contribué à 881 interpellations dans toute la ville en 2017, soit 11% de plus qu’en 2014. Notre police municipale est aussi reconnue comme étant l’une des plus fournies et des mieux équipées d’Ile-de-France.

Je suis également fier que nous ayons créé un poste de chargé de mission « aide aux victimes » en 2006, pour accompagner efficacement chaque Meldois sollicitant le soutien de la Ville. Le chargé de mission répond aux demandes et besoins grâce à sa propre expertise et avec le concours des partenaires locaux (partage d’informations sur la situation, orientation de la victime vers un psychologue, un travailleur social, un conciliateur de justice…). Parallèlement, il mène des actions de communication et de prévention sur des thématiques diverses. Il anime par exemple le Réseau Violences Intrafamiliales qui s’articule autour d’actions de sensibilisation menées notamment auprès des professionnels (conférences, lettres d’informations…). Le réseau compte en 2018 plus de 300 membres.

Les propos tenus dans cette interview sont retranscrits fidèlement à l’opinion de leur auteur et n’ont pas été modifiés.