Les
récents affrontements qui ont coûté la vie à plusieurs jeunes en
Île-de-France ont mis sous les feux des projecteurs politiques et
médiatiques le phénomène des rixes. Confrontées depuis des décennies à
ce phénomène cyclique dont les formes évoluent, notamment avec les
réseaux sociaux, les collectivités territoriales se mobilisent. Réunis
le 12 mars 2021 à l’occasion de leur Comité exécutif, les élus du Forum
Français pour la Sécurité Urbaine appellent à ce que les rixes entre
jeunes fassent l’objet d’une politique globale intégrant largement la
prévention, les collectivités territoriales et la société civile. Ils
invitent également à s’appuyer sur les savoirs issus du monde de la
recherche et les expériences existantes, en France et à l’étranger.
Un phénomène ancien qui nécessite une approche équilibrée alliant prévention, sanction et cohésion sociale
Le
phénomène de bandes et rixes entre jeunes est ancien, cyclique et
évolutif. Les collectivités territoriales sont notamment préoccupées
aujourd’hui par l’utilisation massive des armes blanches, des réseaux sociaux et s’interrogent sur les modalités d’entrée dans les rixes qui ne s’appuient pas uniquement sur des bandes déjà constituées mais peuvent être plus spontanées.
Ce phénomène reste complexe et difficile à appréhender. Cependant, nous pouvons déjà tirer de nombreux enseignements
des expertises des acteurs de terrain (acteurs socio-éducatifs,
policiers, bailleurs sociaux…), des savoirs des sociologues ainsi que
des retours d’expérience des actions de prévention et de gestion des
rixes déjà menées.
L’approche policière et judiciaire ne saurait suffire.
Comme pour d’autres problématiques de délinquance, elle est
indispensable et doit être organisée en fonction d’un diagnostic partagé
entre acteurs locaux afin de cibler les priorités.
Nos réponses doivent intégrer également largement la prévention.
L’étude des mécanismes d’entrée et de sortie de ces affrontements nous
invite à travailler sur l’accrochage scolaire, l’estime de soi, la santé
mentale, l’identité et la mémoire des quartiers ou encore les
difficultés familiales. Cela nécessite de coordonner les interventions
d’acteurs aux cultures professionnelles variées (police, justice mais
aussi prévention spécialisée, Éducation nationale, médiation, sport,
culture…), en s’appuyant sur les conseils locaux de sécurité et
prévention de la délinquance, ainsi que sur les familles et les jeunes
eux-mêmes afin de développer la prévention par les pairs.
Si les élus locaux saluent la volonté du Gouvernement d’actualiser la
stratégie nationale consacrée aux rixes, ils appellent à veiller à ce
qu’elle soit globale et non uniquement centrée sur les aspects policiers et judiciaires. Ils attirent également l’attention sur la nécessité de prévoir des mesures de long terme
et non uniquement de gestion d’urgence, pour répondre à un phénomène
complexe et s’attaquer aux racines de la problématique. Ils
souhaiteraient que les collectivités territoriales soient
associées afin de mettre en œuvre des réponses de proximité adaptées aux
spécificités de chaque territoire.
Une mobilisation de longue date des collectivités territoriales, au niveau national et européen
Confrontées depuis de nombreuses années au phénomène de bandes et d’affrontements entre jeunes, les collectivités territoriales sont mobilisées, notamment au sein des Forums européen et français pour la sécurité urbaine.
Le FFSU travaille sur les phénomènes de bandes et la prévention des rixes depuis de nombreuses années. Il a notamment publié une étude sur Les phénomènes de bandes en France (2006), fondée sur des enquêtes ethnographiques dans les grands ensembles et sur des entretiens avec des acteurs locaux de la sécurité et de la prévention.
Il a également participé à titre d’expert à un projet mené par le Forum européen pour la sécurité urbaine sur les politiques élaborées dans différents pays en Europe pour prévenir les violences de rue en et favoriser l’inclusion de tous les jeunes, qui a abouti à la publication : Groupes de jeunes et violences dans l’espace public (2013).
Le FFSU accompagne depuis novembre 2020 les collectivités territoriales de Seine-Saint-Denis dans l’élaboration d’une stratégie départementale de prévention des rixes, avec le soutien de la Préfecture, et en partenariat avec le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) et la Mission métropolitaine de prévention des conduites à risques de Seine-Saint-Denis (MMPCR). Ce projet permettra de répondre à un besoin d’échange et de soutien exprimé par les acteurs locaux, dont plusieurs ont déjà commencé à développer des actions, pour la plupart expérimentales. La stratégie départementale sera élaborée à partir d’une analyse du phénomène, en associant les élus et professionnels concernés mais également les jeunes et leurs familles. Elle s’appuiera sur un parangonnage européen et international réalisé par le FFSU pour identifier des pratiques inspirantes. Le FFSU accompagnera ensuite les collectivités dans sa mise en œuvre.
Dix villes pilotes ont été retenues et bénéficient d’un accompagnement renforcé dans le cadre de la démarche : Aubervilliers, Drancy, Epinay-sur-Seine, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Pantin, Romainville, Saint-Denis et Tremblay-en-France.
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Contact / Demande d’interview
Adrien Steck, Chargé de communication, steck@ffsu.org