Le réseau Nouvelle-Aquitaine échange sur l’impact du numérique dans les politiques de prévention locales

Les coordonnateurs et directeurs prévention-sécurité de Nouvelle-Aquitaine se sont réunis le 13 février 2020 pour la quatrième fois dans le cadre du réseau régional animé par le FFSU. Ouverte aux membres et non membres du FFSU, la réunion accueillie par la ville de Mérignac a réuni 12 professionnels sur le thème de la prévention dans l’espace numérique.

Les villes de Blanquefort, Bordeaux, Bouscat, Eysines, Gradignan, Pessac, Mérignac, Saintes, Taillan-Médoc étaient représentées ainsi que les CA de La Rochelle, du Grand Poitiers et la Communauté de communes du Créonnais.

Les précédentes réunions du réseau avaient permis d’aborder les thématiques des relations État/collectivités, des mineurs non accompagnés victimes et/ou auteurs d’actes de délinquance et de l’animation des CISPD/CLSPD.

Intégrer les pratiques numériques dans la conception et l’élaboration des politiques locales de sécurité

L’utilisation de plus en plus répandue des technologies de communication et d’innovation transforme la société, la rendant plus interconnectée. Lieux d’échanges, de partages et de rencontres, les réseaux sociaux sont devenus en quelques années un prolongement de l’espace public physique, certains acteurs socio-éducatifs parlent même de “rue numérique”. Ouverts à tous, ils sont investis par tous types d’acteurs : privés, publics, individuels mais la présence des autorités locales y reste marginale. Les élus du FFSU ont appelé dans le livre blanc pour la sécurité des territoires à mobiliser les acteurs locaux pour prendre en compte ces nouveaux usages quotidiens dans la conception et l’élaboration des politiques locales de sécurité.

Collaboration entre institutions, intégration des parents, et l’utilité sociale du numérique, enjeux principaux des échanges

Les jeunes sont les principaux utilisateurs du numérique et plus particulièrement des réseaux sociaux. Omniprésents en ligne, en pleine construction sociale, ils y cherchent notamment un sentiment d’appartenance à un groupe et le renforcement de liens sociaux, faisant de l’espace numérique un enjeu de sociabilité. Par ailleurs, ils peuvent être à la fois auteurs et victimes d’activités délinquantes : cyberharcèlement, transactions illicites, prostitutions, propagation de fake news, invectives et rixes, etc. Les liens entre l’espace public dans la rue et l’espace public numérique deviennent de plus en plus forts, la continuité des problématiques de délinquance entre ces deux espaces étant constatée. Conscientes de ces nouvelles problématiques, plusieurs collectivités de Nouvelle-Aquitaine ont investi la prévention des usages du numérique.

Les collectivités ont toutes souligné l’importance d’un investissement collectif, avec l’Éducation nationale mais également avec les partenaires socio-éducatifs et plus largement du CLSPD. Trop souvent encore, la coproduction effective est faible. Si elle ne peut agir seule, la collectivité peut lancer l’alerte aux partenaires et être à l’initiative d’une réflexion collective.

Les situations de partenariats actifs permettent la création de réponses ciblées pour certains publics :

> Une maraude numérique permet d’aller à la rencontre des usagers d’espaces numériques identifiés à risque avec l’objectif de créer un lien et de tendre vers un accompagnement physique. Elle est notamment utilisée dans le champ de la prostitution.

> Une Cyberbase est un espace numérique aménagé au sein d’un lieu existant sur le territoire (ex : médiathèque). Il est libre d’accès et peut comporter des jeux vidéos vintage et des tablettes tactiles ou ordinateurs sous la supervision de deux animateurs qui accompagnent l’utilisation courante et proposent des ateliers spécifiques. La Cyberbase peut permettre d’attirer des jeunes occupants l’espace public.

Si elles visent d’abord les jeunes, les politiques locales cherchent à maximiser la place des parents sans lesquels la continuité du travail préventif est impossible : informer mais également dépassionner pour leur donner confiance.

> Plusieurs collectivités s’associent à l’Éducation nationale pour mettre en place des sensibilisations lors de temps déjà sacralisés : pré-rentrée, réunion parents/professeurs.
> 10 jours pour voir autrement / 10 jours sans écran est un défi qui vise à se détacher volontairement des outils numériques pour se tourner vers des activités sociaux-culturelles portées par des associations du territoire. Les partenaires sollicitent les jeunes qui impliquent leurs parents pour un défi partagé.

Le numérique peut être une ressource pour favoriser la cohésion sociale notamment face à des publics fragiles.
La Ville de Bordeaux a saisi l’usage du numérique pour en faire un outil d’accès au droit. Un triporteur numérique permet de faciliter et d’accompagner l’accès à Internet pour des populations défavorisées. Des bornes connectées dans lieux identifiés (ex : gare) permettent aux personnes en errance de bénéficier d’un accès au numérique.
Le Grand Poitiers recours aux nouvelles technologies pour lutter contre l’isolement des seniors : Silver Geek met le numérique au service du bien-vieillir. Des ateliers numériques ludiques animés par une centaine de volontaires en service civique sont proposés chaque semaine à des seniors en maisons de retraite, avec des tablettes et consoles de jeux vidéos.

La posture des professionnels et le positionnement de la collectivité ont été transversaux aux débats.