Vie nocturne à Bordeaux : 15 ans de politiques innovantes

Mai 2023 – La Ville de Bordeaux joue depuis une quinzaine d’années un rôle innovateur en France dans la conception et la mise œuvre d’une politique locale de la nuit qui prenne en compte toutes ses dimensions et ses différents publics. 

Au-delà de la ville elle-même, Bordeaux, Ville présidente du Forum Français pour la Sécurité Urbaine (FFSU), contribue au débat public sur les politiques de vie nocturne non seulement en France mais également en Europe, notamment au travers du Forum européen pour la sécurité urbaine dont elle est membre. 

Une ville festive

Photo : Ville de Bordeaux

La vie nocturne joue un rôle important dans la vie et l’économie bordelaises : le tiers de la population a moins de 35 ans et la ville accueille près de 90 000 étudiants. Bordeaux est aussi la première ville de France pour le nombre de restaurants par habitant, et la quatrième pour le nombre de bars. Elle compte une trentaine de discothèques et 113 lieux culturels. Enfin, l’économie de la nuit représente 29 000 emplois directs, soit 15% du total des emplois salariés de la ville.

Modération et solidarité

La municipalité a identifié dès 2007 des enjeux de sécurité spécifiques à la nuit et a commencé dès lors à élaborer une politique fondée sur la modération et la solidarité autour de l’équilibre entre prévention, réduction des risques, médiation, régulation et aménagement.

Prévenir les comportements à risque

Les objectifs initiaux étaient avant tout de prévenir les comportements à risque, notamment la consommation excessive d’alcool et de drogue la nuit, et de favoriser une cohabitation pacifique entre noctambules et riverains. 

Ainsi, une série d’initiatives sont lancées au cours des années 2010 : Tendances Alternatives Festives, le Soul Tram et le Hangover Café, autant de dispositifs de conseil, d’information et de prise en charge des noctambules en difficulté. À noter : le Hangover Café a reçu le Prix Prévention de la Délinquance 2019 du FFSU

Bordeaux la nuit

Aujourd’hui, la politique de la vie nocturne est une composante clé de la stratégie de développement de la municipalité de Bordeaux qui, comme d’autres villes européennes (Paris, Londres, Barcelone, Berlin…), a pris la mesure de l’importance de sa vie nocturne dans son attractivité culturelle et économique. 

Lancé en 2017, le projet Bordeaux la nuit donne cohérence aux différentes initiatives mises en place au fil des années dans le cadre d’une stratégie globale qui s’appuie sur un large partenariat local. 

Il se matérialise notamment par la création du Conseil de la nuit (janvier 2018), qui comprend cinq commissions thématiques : 

• vie nocturne, santé et tranquillité 

• aménagement, mobilités et habitat, 

• culture et loisirs 

• économie de la nuit

• usagers de la nuit

La Plateforme de la vie nocturne 

Bordeaux est aussi l’un des membres fondateurs (en 2017) de la Plateforme de la vie nocturne, un « espace de réflexions et de propositions réunissant élus et techniciens des collectivités et de l’État concernés par la vie nocturne, organisations professionnelles, universitaires, experts et citoyens ». 

La Plateforme organise des conférences annuelles et a publié en 2021 un guide destiné aux collectivités, Politiques publiques pour la Vie Nocturne : Gouvernance et participation, fondé sur les expériences des Villes de Bordeaux, Liège, Nantes et Paris, ainsi que sur les travaux menés par l’Efus et le FFSU à travers d’autres villes européennes. 


L’exemple du quartier des Bassins à flot

Quartier phare de la vie nocturne bordelaise, les Bassins à Flot (BAF) est aussi emblématique des défis et enjeux que pose un quartier de vie nocturne : tranquillité publique, sécurité, aménagement urbain, mobilité et santé publique. 

Ce quartier a été profondément transformé au cours des dernières décennies par une urbanisation intense. L’arrivée d’un public festif attiré par de nombreux établissements de nuit a engendré des conflits d’usage (tapage nocturne, consommation d’alcool et de drogue sur la voie publique, détritus…). Les Bassins à Flot sont ainsi devevenus un lieu d’expérimentation d’actions de régulation de la vie nocturne autour du groupe de travail Festiv’attitude établi en 2015 : médiation nocturne, Hangover Café, dispositif Demandez Angela d’assistance

aux victimes de harcèlement sexuel, association des habitants aux actions de prévention… Le groupe de travail est animé par la mairie de quartier et, pour la mairie de Bordeaux, la Direction du développement social urbain (DDSU) et la Direction générale des Affaires culturelles (DGAC). Il réunit des représentants des établissements culturels et festifs du quartier, des services municipaux concernés, de Bordeaux Métropole Médiation, du Comité d’études et d’information sur les drogues (CEID), et de l’association Addictions France. 
Pour les noctambules, la mairie de Bordeaux a publié un Guide des fins de semaines aux Bassins à flot qui donne des conseils pratiques pour fêter la nuit sans risque et des informations sur les dispositifs d’assistance et d’information. 

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