À l’occasion de la Journée internationale pour le droit des femmes, nous avons voulu donner la parole à des élus membres de notre réseau. À travers cette interview, ils partagent leurs actions, leurs engagements et leur vision de l’égalité des sexes. L’objectif est de mettre en lumière leurs initiatives et de montrer l’importance de continuer à avancer pour les droits des femmes, à l’échelle locale comme globale.
Avez-vous mis en place des initiatives pour renforcer l’égalité femmes-hommes dans votre ville ou votre territoire ? Quels en sont les effets sur la sécurité des femmes ?
Mohamed Chihi, élu à la Ville de Lyon : S’attaquer aux stéréotypes sexistes permet, en raison du continuum du sexisme (des stéréotypes aux violences en passant par les discriminations) de prévenir les violences. A Lyon, nous déployons plusieurs actions de promotion de l’égalité et de prévention des stéréotypes, en particulier des sensibilisations en milieu scolaire auprès des collégiens, ainsi qu’un projet spécifique porté dans le cadre de la cité éducative de Lyon 8ème intitulé « briser les clichés, ouvrir les possibles, pas à pas vers une pédagogie sans stéréotype » . Son objectif est d’accompagner l’appropriation d’une pédagogie sans stéréotypes par les professionnel.les de plusieurs structures petite Enfance, d’assistantes maternelles et de familles.
En outre, l’indépendance financière des femmes est un des leviers pour leur permettre de sortir des violence de couple. La Ville, à ce titre soutient le parcours d’insertion socio professionnel des femmes avec par exemple l’organisation de la quinzaine de l’emploi au féminin ou le soutien financier au CIDFF qui accompagne les femmes dans leur insertion.
La direction des sports de la Ville est également engagée dans la budgétisation sensible au genre. Ce travail approfondi d’approche intégrée d’égalité a permis d’engager une vaste réflexion sur les leviers que la Ville avait pour favoriser l’égalité et prévenir les violences. Dans ce prolongement, la Ville de Lyon a conditionné à partir de septembre 2024, les attributions de subvention à caractère sportif, les mises à disposition de créneaux ponctuels et annuels dans les équipements sportifs municipaux, ainsi que les utilisations de locaux municipaux à des fins sportives, à la sensibilisation préalable obligatoire des responsables des structures concernées. Ainsi, pour chacune de ces entités, à minima deux personnes des équipes dirigeantes et encadrantes doivent attester avoir participé à un temps de sensibilisation aux enjeux de la lutte contre les agressions sexuelles, les comportements sexistes et LGBTIphobes dans le sport. Près de 500 clubs sportifs et associations sont concernés par cette mesure.
Selon vous, en quoi le renforcement de l’égalité des droits contribue-t-il à la prévention et à la réduction des violences faites aux femmes ?
Julie Escudier, élue à Toulouse Métropole : Le renforcement de l’égalité des droits est essentiel pour la prévention et la réduction des violences faites aux femmes. En effet, il est indispensable de réduire les inégalités entre les femmes et les hommes, qui sont souvent à l’origine des violences. Il convient d’agir sur les stéréotypes et rôles de genre. Ainsi, l’éducation dès le plus jeune âge joue un rôle fondamental pour déconstruire les stéréotypes de genre et promouvoir des relations respectueuses et égalitaires. Lorsque les hommes et les femmes sont éduqués à l’égalité, nous pouvons espérer que les comportements violents ou oppressifs diminuent.
Par ailleurs, le développement et renforcement de l’arsenal juridique, depuis de nombreuses années, et les politiques volontaristes des collectivités locales pour prévenir et lutter contre les violences faites aux femmes contribuent à cette politique.
Quel message souhaitez-vous adresser aux femmes de votre territoire concernant l’importance de l’égalité des droits et son impact sur la lutte contre les discriminations et les violences ?
Mohamed Chihi, élu à la Ville de Lyon : La Ville de Lyon sensibilise sans relâche la population et les professionnels sur tous les dispositifs à la disposition des droits des femmes, via notamment la plaquette 39 19 éditée à 10 000 exemplaires chaque année autour du 25 novembre et qui recense les lieux ressources et le guide santé des femmes. La prévention du harcèlement de rue est également un axe important développé par la Ville avec la mise en place du dispositif « angela » qui compte aujourd’hui plus de 300 lieux refuges avec plus de 400 commerçants et professionnels formés à ces enjeux.
Enfin, l’ensemble de la Police Municipale de Lyon, soit près de 300 agents ont été sensibilisés à la prévention des violences sexistes et sexuelles leur permettant de mieux repérer et orienter les victimes.
Pensez-vous que les politiques de sécurité seraient différentes si nos gouvernements (locaux/nationaux) étaient vraiment paritaires ?
Julie Escudier, élue à Toulouse Métropole : La parité réelle pourrait peut-être aboutir à des politiques de sécurité plus équilibrées et diversifiées, axées non seulement sur les aspects répressifs mais aussi sur la prévention, la justice sociale et les droits humains. Mais au-delà de la parité, c’est notre vision commune qui doit nous guider et nous sortir des stéréotypes les hommes s’occupent de la sécurité et les femmes de la prévention.
Nous constatons quotidiennement que les choses changent et que cette dichotomie n’a plus sa place aujourd’hui compte tenu des enjeux de prévention et de sécurité auxquels sont confrontés nos territoires. C’est bien une vision transversale, pragmatique et partagée qui doit nous permettre de construire des politiques efficientes qui s’articulent autour du triptyque : Prévention, répression et cohésion sociale.